SPFPL : les pharmaciens dans les « starting blocks » !
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18 juin 2013Quand on s’installe pour la première fois, on s’occupe rarement de ses assurances en priorité. Or l’expérience de certains pharmaciens plaide pour une attention plus grande portée à ces démarches… et à leurs délais !
Interview de Alix Garnier, fondatrice et dirigeant de PHAREXCEL.
Il vous semble utile d’alerter les jeunes pharmaciens sur la question des assurances : pourquoi ?
Alix Garnier : parce que c’est une question qui peut devenir vraiment problématique si elle n’est pas réglée correctement et dans les délais ! Lorsque notre cabinet installe un pharmacien, nous sommes en première ligne sur le dossier de prêt avec la banque. En matière d’assurance, nous jouons naturellement pleinement notre rôle de conseil, mais le pharmacien doit s’occuper de ses rendez-vous et examens. Et il doit réaliser l’importance des délais nécessaires à ces démarches. Or la plupart du temps, ce n’est pas chose aisée, pour les adjoints que l’on installe, de faire coïncider temps libre et rendez-vous d’assurance !
En quoi cela peut-il devenir problématique ?
Alix Garnier : il faut savoir que les banques ne débloquent pas les fonds tant que l’assurance ne leur a pas envoyé le contrat signé, lequel nécessite fréquemment plusieurs allers-retours entre banque et assurance. Et ce, même si entre l’assurance et le pharmacien tout est parfaitement en ordre ! De plus, on a des impératifs liés aux réunions des commissions du Conseil de l’Ordre. Aussi, quand on doit faire le choix de son assurance, il faut prendre en compte les délais de traitement. Car l’expérience nous a enseigné qu’il faut être extrêmement attentifs à l’ensemble de ces démarches et tout particulièrement de leurs délais. Or certains pharmaciens vivent parfois des expériences avec les assurances qui tiennent du parcours du combattant !
Est-ce que les analyses médicales constituent un écueil potentiellement important pour un jeune pharmacien qui s’installe ?
Alix Garnier : effectivement mais pas seulement pour les raisons que l’on imagine. Bien sûr, le bon sens veut qu’on évite de réaliser ces examens en plein milieu des fêtes de fin d’année ! En cas d’excès alimentaires, le cholestérol augmente très rapidement, or c’est l’indicateur le plus surveillé par les assurances. Il ne faut pas non plus oublier que pour l’assurance du prêt, les examens médicaux doivent être faits dans un délai inférieur à six mois avant la signature. Mais ce que je veux absolument dire aux pharmaciens, c’est que tout le monde peut être assuré. Si l’on a un problème de santé, inutile de le cacher, bien au contraire, car c’est une question qu’il faut anticiper. Naturellement, tout cabinet de transaction a un devoir de confidentialité. Nous avons eu, par exemple, des clients diabétiques qui n’osaient pas en parler de crainte d’être refusés par l’assurance. Or dans ce cas, on risque effectivement de se heurter aux exclusions des assurances classiques, alors qu’il existe des assureurs pour cela. Certes, elles se révèlent un peu plus chères, mais la plupart des frais d’assurances sont déductibles fiscalement.
Existe-t-il des règles spécifiques aux pharmaciens en matière d’assurance ?
Alix Garnier : il faut par exemple savoir que l’assurance décès-invalidité du prêt est une assurance standard et donc insuffisante pour la profession de pharmacien d’officine. En effet, cette assurance ne garantit le prêt qu’à partir d’un taux d’invalidité de 66%. En-deçà, en cas de problème, l’assurance ne remboursera pas le prêt. Or le Conseil de l’Ordre, lui, peut décider que le pharmacien atteint d’un taux d’invalidité inférieur à ce seuil de 66% (ce sont des critères établis par la Sécurité sociale) n’a plus le droit d’exercer son métier en officine (1).
Il ne faut donc pas faire l’économie d’une assurance professionnelle, qui est très peu coûteuse et qui offre une garantie pour une invalidité inférieure à 66%.
Par ailleurs, toutes les banques demandent désormais que les pharmaciens souscrivent une prévoyance (qui permet de payer un remplaçant en cas de nécessité) et, pour notre part, nous l’incluons systématiquement dans nos prévisionnels.
(1) Selon l’article R.4221-15 du code de la Santé Publique, dans le cadre d’une infirmité ou d’un état pathologique rendant dangereux l’exercice de la profession, le conseil régional de l’Ordre national des pharmaciens peut prononcer une suspension temporaire du droit d’exercer.
Par ailleurs, l’article L.5124-21 stipule qu’une officine ne peut rester ouverte en l’absence de son titulaire que si celui-ci s’est fait régulièrement remplacer. Et la durée légale d’un remplacement ne peut dépasser un an.
Le point avec un leader du secteur de l’assurance des professions de santé.
Quelles sont les assurances qu’un jeune pharmacien qui s’installe doit obligatoirement souscrire ?
A.T. : La première démarche du pharmacien concerne bien sûr l’assurance de son prêt. Dans ce contrat-là, on ne prévoit pas en théorie d’arrêt de travail. Mais il faut y prévoir une clause d’invalidité. L’étude médicale est obligatoire, ce qui peut prendre seulement quelques jours si les documents sont bien remplis et s’il n’y a pas de problème de santé particulier. Mais s’il faut des examens complémentaires, les délais sont d’autant plus longs. Précisons que s’il y a des exclusions pour raisons de santé, ces raisons restent confidentielles entre le médecin de la compagnie et le client. La seconde assurance est la prévoyance : en premier lieu, on y intègre l’arrêt de travail avec des indemnités journalières. Objectif : couvrir les frais d’un remplaçant pour conserver le même niveau de chiffre d’affaires. De même, on peut y inclure une rente d’invalidité qui assure au pharmacien un revenu jusqu’à la retraite et préserve le capital lié à la vente de l’officine. Enfin, une prévoyance peut aussi comporter des garanties familiales en cas de décès (capital soldant le passif fiscal et social, rente pour le conjoint ou rente d’éducation pour les enfants). La dernière assurance à envisager est celle de l’officine à proprement parler (RCP et protection juridique, multirisques, faute professionnelle, perte d’exploitation due à un sinistre). Il est plus sûr de choisir un contrat dédié exclusivement aux officines, plutôt qu’une multi-risques tous secteurs « bricolée ». S’ils prennent une garantie pour perte d’exploitation, les pharmaciens doivent être attentifs à deux choses : le montant de chiffre d’affaires couvert, ainsi que la durée de versement maximum prévue. Parce qu’en cas d’incendie, par exemple, si une reconstruction de l’officine est nécessaire, cela prend du temps.
Outre les assurances obligatoires, quelles précautions vous semblent judicieuses ?
A.T. : Pour les pharmaciens associés, nous proposons toujours une assurance décès croisée, mais bien sûr, cela représente un contrat et donc un coût supplémentaires. Comment ça marche ? Chaque associé s’assure en désignant l’autre associé comme bénéficiaire. Dans le cas du décès de l’un des associés, l’autre bénéficie d’une indemnité qui lui permet de racheter les parts aux héritiers de son associé. Ca permet de garder la main sur l’association et de rechercher sereinement un nouvel associé. Certaines assurances ont des contrats dédiés à ce type de situation, mais attention à ne pas y souscrire à titre individuel, car, dans ce cas, cela ne peut pas rentrer dans les charges de la société.
A travers vos contacts avec les pharmaciens, quelle inquiétude majeure percevez-vous ?
A.T. : Les conditions de retraite ! Et ce n’est pas un hasard, car ces conditions ont déjà commencé à se dégrader, et ce d’ailleurs quel que soit le régime. Actuellement, les pharmaciens qui partent à la retraite perçoivent entre 30% et 40% de leurs bénéfices, ce qui ne va pas durer. Assurance vie classique, loi Madelin, immobilier… Les jeunes pharmaciens vont devoir anticiper !