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17 juin 2017Aujourd’hui, il est nécessaire pour les pharmaciens de développer de nouveaux services au sein de leurs officines afin de prendre toute leur place dans le nouveau paysage de la santé. Une nécessité qui passera donc par de nouvelles offres avec des stratégies plus ciblées, des rayons spécialisés et des missions de conseils personnalisés. Ainsi, les pharmaciens doivent s’affirmer comme les spécialistes multiservices de santé de proximité en intégrant de nouveaux métiers comme déjà la diététique et maintenant celui de l’optique avec, notamment, l’arrivée de corner proposé par de nouveaux acteurs comme Optic & Price ou des acteurs plus historiques comme Afflelou ou Optic 2000. Mais, est ce la bonne option pour toutes les pharmacies pour développer sa pharmacie ? Deux titulaires nous livrent leur témoignage.
Des acteurs de l’optique à l’assaut du secteur officinal
L’optique en officine attise décidemment les convoitises. Après la vente de lunettes loupe, de lunettes lecture ou encore de lunettes de soleil, désormais, certaines vont proposer à la vente des lunettes médicales de vue. Une pratique commerciale désormais autorisée par la loi Macron qui permet aux opticiens de pouvoir exercer leur métier en dehors d’un magasin attitré. Après Unilens (Le Carré de l’Optique), Evioo, Optic & Price et le lancement du concept Happyview par le groupe Afflelou, c’est au tour d’Optic 2000 d’investir le marché officinal au travers d’Otiko
Chaque acteur propose son propre service et a son propre modèle de partenariat avec les pharmaciens. Ainsi, Unilens’, qui a lancé en 2012 les «Carré de l’optique», aide les pharmaciens à installer l’espace optique, à recruter un opticien et s’occupe des achats.
Tandis que le dernier arrivé sur le marché prévoit une mise à disposition du meuble Otiko installé en officine et un partage de marge entre les professionnels de santé que sont le pharmacien et l’opticien. L’opticien Optic 2000 devra également s’engager à assurer une présence d’un opticien dans la pharmacie d’au moins une demi-journée par semaine. Ce temps sera consacré à l’échange avec les porteurs sur rendez-vous et à la remise des équipements.
De son côté, Afflelou propose des lunettes low-cost avec son concept Happyview. Le pharmacien intéressé pourra équiper, moyennant 340 euros, son officine d’une borne interactive. Elle permettra la commande autonome de montures par le client. Les montures seront retirées ensuite toujours dans l’officine et le professionnel touchera 25% du chiffre d’affaires généré par la borne.
Pour les pharmaciens, une bonne aubaine puisque les marge en lunetterie sont deux fois plus élevées que celles des médicaments représentant, ainsi, un fort relais de croissance pour leurs officines. De leur côté, confrontés à un marché en forte stagnation, les leaders de l’optique sont à la recherche de nouvelles voies de diversification et aussi de distribution de leurs produits. Les officines pourraient, donc, représenter pour eux de nouveaux canaux de distributions et de nouvelles opportunités d’exercer leur métier.
Deux pharmaciens, deux avis
Installés depuis 10 ans au sein d’une commune rurale en Bretagne, 2 titulaires ont fait le pari de l’optique dans leur pharmacie dans l’objectif de proposer de nouveaux services à leur patientèle et de dynamiser le développement de l’officine. « Une solution en adéquation avec le territoire puisqu’au moment de l’installation du corner à la pharmacie, il n’y avait pas d’opticien dans la commune » précise Mme Duval, titulaire. Cette pharmacie a choisi de collaborer avec Optic&Price qui fonctionne sur le principe d’une franchise en proposant un agencement, un stock d’environ 800 paires de lunettes de vue, de soleil, lentilles et accessoires et le matériel pour installer un espace d’examen de la vue. Chaque corner est animé par un opticien. « Notre choix s’est porté vers Optic&Price car nous ne pouvions pas concevoir un corner optique sans un opticien qui puisse délivrer le conseil associé et soit habilité à faire des examens de la vue» confirme Mme Lequellec, titulaire. « En plus Optic&Price propose des montures et des verres de qualité pour un prix raisonnable. Dans 8 cas sur 10, après remboursement de la mutuelle, le patient n’a pas de supplément, autant d’arguments qui ont confirmé notre choix de travailler avec cette enseigne ». 6 mois après la mise en place, les deux titulaires sont satisfaites de leur choix. En fonction de l’investissement opéré et le recrutement d’un opticien, le résultat est positif et les ventes des lunettes correspondent aux objectifs fixés « bien qu’un opticien se soit aussi installé depuis » ajoute Mme Duval.
De son côté, Mme Blasac, pharmacienne d’une officine de quartier dans une ville de plus de 30 000 habitants nous livre son expérience de l’optique dans sa pharmacie. Installée depuis le 1er juillet 2016, avec son associée, elles ont repris la pharmacie au sein de laquelle elles étaient assistantes auparavant. Depuis 6 ans, cette officine proposait à ses patients un corner optique via l’offre proposée par son groupement Univers Pharmacie. « Au moment du lancement de ce service par le groupement, 10 pharmacies se sont lancées sur les 150 adhérents. Aujourd’hui, seulement, 2 pharmacies proposent toujours une offre d’optique » explique Mme Blasac. De leur côté, les 2 titulaires ont elles aussi choisi de stopper ce service. Pourquoi ? « Le chiffre d’affaire mensuel généré par l’optique couvrait à peine le coût des charges salariales de l’opticien ainsi que la redevance mensuelle pour le groupement. En plus, nous devions faire l’acquisition tous les mois d’un stock de lunettes correspondant aux commandes des patients. Finalement, ce service n’était pas rentable. » raconte Mme Blasac. « Il y a 6 ans, l’ancien propriétaire était précurseur au sein du groupement avec l’ouverture d’un corner optique et avait acquis l’ensemble du matériel et fournitures pour l’installation d’une pharmacie qui fermait son corner optique, ce qui a permis d’avoir un faible investissement initial. » ajoute t’elle. D’où l’importance, avant de se lancer et d’investir, de réaliser une étude bien précise de sa patientèle, de ses besoins et de son évolution dans le temps. « Afin de rentabiliser notre corner optique, et comme le confirmait Antoine Garnier de Pharexcel, nous devions recenser au moins 400 passages patients par jour. Alors que nous étions à 200 et qu’il était difficile de recruter de nouveaux patients. » conclut Mme Blasac.
Et, vous, avez-vous une expérience de l’optique dans votre pharmacie ? Êtes-vous tentés par ce concept pour développer votre officine ?