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Voici une analyse détaillée rédigée par Zakari Bachkbakian, offrant un éclairage approfondi sur les répercussions de la fin du COVID sur le secteur.
Le COVID est bel et bien terminé :
La croissance à deux chiffres réalisée ces deux dernières années marque un net ralentissement. Pour l’année 2023, elle se situe désormais en dessous de la barre des 3 %. Cette légère progression semble être en réalité trompeuse.Interfimo précise qu’une grande partie de cette croissance est liée à l’évolution du chiffre d’affaires à 2,1 %, et plus précisément à la forte augmentation des médicaments chères. Chez nos clients, la part de la tranche 5 représente près de 15% du chiffre d’affaires de l’officine. (Merci à Marine Tronel pour les statistiques).
Une baisse de la marge :
La marge moyenne s’établit à 29,5 %, en dessous du seuil des 30 %. Pour rappel, les moyennes de 2022 affichaient une marge brute de 33,1 %. La dernière fois qu’Interfimo a publié une marge inférieure à 30 %, c’était en… 2011.
La fin de la crise sanitaire est la principale raison de cette baisse de marge, mais pas uniquement. La très forte augmentation de la part des médicaments chères entraîne mécaniquement une baisse du taux de marge.
Nous avons également constaté chez nos clients que la non-répercussion ou la répercussion tardive des hausses de prix a également entraîné une perte de marge supplémentaire.
Une dégradation du résultat :
L’EBE retraité atteint difficilement 9,7 % du chiffre d’affaires, contre pratiquement 13,7 % l’année dernière.
La première raison est bien sûr la dégradation de la marge que nous avons mentionnée précédemment. Mais l’analyse des comptes de nos clients montre également que :
– L’inflation a entraîné une hausse de l’ensemble des coûts de structure ;
– La masse salariale a fortement augmenté, soit par des embauches soit par l’augmentation des salaires liée à une pénurie de main-d’œuvre ou de l’augmentation de l’indice du point ;
– L’effet COVID et la manne financière qui en a découlé ont incité certains pharmaciens à augmenter leurs dépenses. La part des leasings dans les charges externes a fortement augmenté (robots, étiquettes électroniques, renouvellement informatique, etc.).
Quel impact sur la valorisation ?
Sans surprise, la baisse de la rentabilité, due à plusieurs facteurs, combinée à l’augmentation des taux d’intérêt, a entraîné une baisse du prix de vente des officines en 2023. Toutefois, cette baisse n’est peut-être pas aussi prononcée que ce que l’on pouvait craindre.
En analysant les données trimestrielles, nous constatons que la baisse est continue depuis cinq trimestres. Le prix de cession moyen, exprimé en multiple de l’EBE, a perdu 0,3 point par rapport à 2022.
Conclusion :
Ces chiffres sont-ils surprenants ? La réponse est clairement non.
Dès le début de l’année 2023, les tableaux de bord mis en place chez nos clients ont révélé cette triple tendance : augmentation du CA liée aux médicaments chères, baisse de la marge et baisse de la rentabilité.
À cette tendance économique s’ajoute une baisse de trésorerie comprise entre 20 % et 30 % par rapport au pic de trésorerie lié au Covid.
La baisse de rentabilité explique-t-elle à elle seule cette baisse de trésorerie ? Selon nous, non. L’analyse des comptes de nos clients a identifié plusieurs facteurs dégradant la trésorerie des officines :
– L’augmentation du stock ;
– L’augmentation des remboursements des comptes courants d’associés ;
– La mise en place de distribution de dividendes ;
– Plus subtilement, le paiement du solde de l’IS en mai 2023 sur les comptes 2022 avec les performances que l’on connait.
Cette tendance, nous l’avions présentée dès le mois de novembre 2023 lors du séminaire annuel d’Anton & Willem (merci à Georges Duarte pour son invitation). Cette animation a été possible uniquement parce que nous mettons en place un suivi régulier chez nos clients.
Plus que jamais un suivi régulier des indicateurs clés de l’officine appuyée par l’introduction de nouveaux ratios d’analyse permet à chaque officine d’anticiper ses résultats et de prendre les décisions nécessaires avec la plus grande réactivité.
Se contenter d’un bilan comptable n’est plus suffisant et peut etre même dangereux. Solliciter les services d’un Expert-Comptable spécialisé est devenu essentiel dans ce secteur en pleine évolution. Les outils modernes offrent désormais la possibilité de travailler en temps réel.